Biarritz : Contre sommet - G7 et mat ?

G7 : L’ORDREGNE AU PAYS BASQUE - Police partout, contre-sommet nulle part ?

lundi 26 août 2019, par Auteurs divers.

Voici quelques analyses à chaud sur le contre G7, la répression, l’invention d’autres formes de lutte...

Contre sommet - G7 et mat ?

(un post de Nathalie Athina)

Soyons clairs le compte n’y est pas.
On se doutait bien que face à un appareil d’Etat ultra sécuritaire, seule une coagulation massive pouvait instaurer un réel rapport de force.
On savait qu’en tentant de battre le pavé ( l’herbe ou le sable ) sur leur propre terrain, on prenait le risque d’être totalement baillonnés.

Depuis quelques mois les plates formes « anti G7 » s’étaient constituées et nous observions, dubitatifs, mais attentifs, la possibilité d’une échappée belle, une sorte d’union sacrée entre institutions, collectifs de toutes sortes, écolos, gilets jaunes, etc...

Mais poussive et timorée, la locomotive institutionnelle n’aura pas gagné ce pari, c’est un peu la queue entre les jambes qu’elle annulera en cette fin de contre sommet, toutes les actions qui avaient été prévues.
La menace répressive d’un Etat autoritaire n’avait cependant échappé à personne, quadrillage de région, brouillage de réseaux internets, présence de tous moyens techniques et humains pour transformer trois villes en bunkers.
Un gouvernement qui ne privatise pas que le Fouquet’s mais aussi toute une région, et, non accessoirement, tout un pays, est un gouvernement apeuré, qu’il suffirait en s’organisant, de pousser d’une« pichenette » pour le faire tomber ( cf 1er décembre 2018).

Les formes d’actions sont diverses, mais elles devraient désormais avoir pour seul et unique but, en bloquant l’économie, les entreprises, les rues, de mettre un coup de frein fatal à un système capitaliste toxique pour l’humain.
Il est temps pour les institutions de comprendre que ce faux débat sur la « violence » de certains manifestants est insupportable !
Que leur manière de trier les bons et les mauvais manifestants est une logique qu’elles se sont réappropriées du pouvoir lui même.
C’est précisément ce qui a conduit les gens à s’en éloigner.
Et persister dans ces orientations creusera à coup sûr ce fossé, à l’heure où l’union est plus que jamais nécessaire.
Il est urgent de lutter contre l’institutionnalisation des luttes sociales, arme inégalable des systèmes dominants dont la faim de pouvoir est sans fin.
« Lutter contre les inégalités » O moquerie suprême, c’était bel et bien le thème de cette réunion au « sommet » du machiavélisme politique.

Détruire le sommet par la base

Il n’est plus possible d’accepter des compromis face à l’urgence de l’action concrète et surtout décisive, car c’est bien de concret dont nous avons le désir ardent !
Il ne suffit plus d’écrire SOS sur une plage..., pour faire disparaitre les inégalités, Il faut des ACTES il faut de la créativité de la stratégie, de la concertation et surtout prendre conscience que la situation est réellement grave.
Les subventions gouvernementales, ou européennes aux organisations diverses, -des syndicats, à l’écologie, en passant par les Droits de l’Homme etc... ,- seront croyons le bien, supprimées, au bon vouloir des puissants, quand ils auront atteint leur but et n’en auront plus besoin.
Chapeau bas à tous les militants sincères qui auront rendu ce contre sommet vivant, qui auront donné de leur temps et de leur argent personnel, pour faire vivre cet évènement et surtout continuer à tisser les liens dont nous aurons besoin dans les mois à venir.
Parce que nous serons présents jusqu’à la victoire.

- Ci dessous l’excellent bilan de ce contre sommet de Nantes Révoltée :

G7 : L’ORDREGNE AU PAYS BASQUE

« Police partout, contre-sommet nulle part » ?

Dimanche 25 août, au milieu de rues désertes du pays Basque. Dans un paysage de mort, un petit cortège avance à travers la ville d’Hendaye et le Centre de Rétention, transformé pour l’occasion en centre de garde à vue géant où sont enfermés les opposants au G7. Le cortège est encerclé, étouffé même, par des centaines et des centaines de policiers de toutes les unités imaginables. Il y a même deux hélicoptère et un drone qui survolent les quelques dizaines de personnes qui improvisent cette marche, pour demander la libération de manifestants arrêtés la veille. Auparavant toute personne sortant du campement des opposants dans le but de se rendre à cette marche a été contrôlée et minutieusement fouillée. Une participante, l’air triste, souffle : « c’est le pire contre-sommet de l’histoire ». Retour sur ces dernières journées aux alentours de Biarritz :

- ÉTAT POLICIER. Le dispositif répressif est, comme annoncé depuis des jours dans les médias, complètement délirant. Les mots manquent pour le décrire. Pourtant, la France est déjà un laboratoire du maintien de l’ordre depuis des années. Il y a eu les manifestations interdites. Les dizaines de mutilés. Les morts. Il y a eu ce 1er mai, empêché par un déluge de gaz, et des charges contre les syndicalistes. Du jamais vu. Il y a eu les peines de prison, l’antiterrorisme contre des opposants. Les dizaines de milliers de munitions tirées. Il y a déjà eu tout cela. Mais ce G7 dépasse l’entendement. 20 000 policiers. Des centaines de voltigeurs : ces policiers à moto, qui chassent littéralement les opposants. 5, 6, 10 contrôles simplement pour avancer entre deux rues. Les journalistes retenus, et parfois mis en garde à vue. Le matériel confisqué. Des manifestants en cellule pour des lunettes ou un foulard. Les observateurs de la LDH ou d’Amnesty International arrêtés. Trois jeunes allemands emprisonnés car fichés comme « militants ». Les avocats menacés. Les hélicoptères, les drones, les espions... Les précédents sommets – Hambourg, Gênes, Seattle ... – étaient évidemment déjà des démonstrations sécuritaires. Mais il était encore possible de défiler dans la ville concernée, ou aux abords immédiats. Dans la France de 2019, c’est littéralement impensable. Toute une région sous cloche. Notre pays est arrivée aux confins de ce qu’un régime « démocratique » peut déployer en terme d’Etat policier. Quelle sera la suite ?

- VILLES FANTOMATIQUES. Jusqu’à présent, les puissants se contentaient de boucler quelques quartiers d’une grande ville pour se réunir. Ce G7 en France les surpasse : Macron privatise non pas une, ni deux, mais bien trois villes. Biarritz, Bayonne, Anglet sont totalement militarisées. Trois villes où les libertés fondamentales sont suspendues. Les alentours le sont presque autant. Le paysage y est post-apocalyptique. Les rues sont désertes, les quartiers fantomatiques. Seulement peuplés d’uniformes divers. Et, parfois, quelques opposants apeurés. Presque surpris d’être là, qui se croisent du regard en cherchant un point de rassemblement. Les commerces sont fermés. Recouverts de plaques. Ambiance de désastre sur des kilomètres. Du jamais vu.

- MOBILISATIONS. Jeudi et vendredi, des initiatives s’improvisent depuis le camp anti-G7. Une marche féministe. Une charpente qui se déplace. Une manifestation sauvage, qui est violemment réprimée. Le camping gazé, mais la police repoussée. Il y a de la vie, même si les conditions sont rudes. Le temps fort du weekend doit être la manifestation à Hendaye, le samedi matin. 15 000 personnes marchent dans une zone quasiment déserte, à plusieurs dizaines de kilomètres de l’endroit où se réunissent les puissants. L’ambiance ressemble vaguement aux contre-sommets altermondialistes des années 2000, aux kermesses d’il y a 20 ans. Sauf que le nombre de participants est 10 fois moindre. Le défilé s’arrête rapidement. Quelques discours, et c’est fini. Des personnes, parfois venues de loin, sont étonnées, déçues.

Certains décident de manifester à Bayonne l’après-midi. Quelques centaines de manifestants se faufilent, dans une atmosphère terrorisante. Beaucoup ont été contrôlés, fouillés, dépouillés, parfois arrêtés. Former un petit cortège relève de l’exploit miraculeux. Les gaz ne tardent pas. Des grenades explosives font sursauter la foule, où personne n’a la moindre protection. Quelques tensions auront lieu, au milieu d’une grande nasse et de journalistes. Il ne sera possible de sortir que plusieurs heures plus tard, après de longues et nombreuses fouilles.

G7 : les seuls casseurs sont en costard !!!

- IMPUISSANCE. Face à cet état de siège, cette violence brute, ces libertés ouvertement bafouées, quelle est la réaction des organisateurs du « contre-sommet » ? L’annulation des actions prévues le dimanche. Un communiqué tombe le samedi soir, se félicitant de la « réussite » de la mobilisation, et annonçant la « suspension » des prochains rendez-vous. Plus tôt, ces « organisateurs » avaient mis un service d’ordre pour protéger les banques, les policiers et le commissariat.

La « plateforme » a préféré défendre les vitrines que les libertés fondamentales. La planète brule, les États se militarisent, le désastre est partout. Mais les modes d’actions altermondialistes n’auront jamais été aussi ridicules, inoffensifs, dérisoires. Si décalés vis à vis de la situation. Malgré tout, des portraits de Macron, pris dans des mairies, seront exhibés devant des dizaines de journalistes le dimanche matin.

Beaucoup ne comprennent pas. Le « consensus non violent » prôné par les organisateurs n’aura finalement été ni consensuel, ni même « non violent », puisqu’il a laissé libre court à la violence d’État sans réagir. En organisant un défilé parfaitement inoffensif concerté avec les autorités à plusieurs dizaines de kilomètres du sommet, en ne réagissant pas à l’attaque policière injustifiable du campement anti-G7, en annulant les actions prévues, la « plateforme anti-G7 » aura assuré une part du maintien de l’ordre. Le plus grave ? Face aux capitulations répétées, le gouvernement peut se féliciter. Prétendre que son dispositif a fonctionné. Qu’il peut être réutilisé pour mater d’autres contestations. Ces reniements n’ont n’a pas seulement organisé l’impuissance, ils auront légitimé la répression.

- IMAGINATION. Qu’est-ce qui a fait défaut ? Sans doute l’imagination. Foncer dans les pièges tendus par les autorités a-t-il encore un sens vu la force de la répression ? Les contre sommets, surtout quand ils n’ont pas l’ambition de déranger les puissants, ont-ils un intérêt ? Le triomphe de la force brute lors de ce G7 ne doit pas nourrir d’amertume, mais amener à réinventer d’autres formes de lutte. Les structures classiques n’ont plus d’imagination depuis longtemps, mais les Gilets Jaunes ont montré que l’intelligence collective pouvait tout changer.

Soyons créatifs, insaisissables, réactifs, joyeux, malins. Soyons là où personne ne s’y attend.

Photos : Pierre Olivier, Rouen dans la rue, Expansive.info, Estelle Ruiz, Stéphane Burlot, Cerveaux non disponibles ...

- Et aussi l’article, G7 - EZ Acte 4 : Police Partout, contre-sommet t’es où ? - Où il est question d’altermondialisme, de consensus autoritaire, du bouclage de Bayonne, de désespoir et de confusion.


Forum de l’article

  • Biarritz : Contre sommet - G7 et mat ? Le 2 septembre 2019 à 13:22, par Camille Z

    un autre article édifiant :
    « Le pire contre-sommet de l’histoire » - Biarritz ou le triomphe de la non-bataille
    On peut être défait pour avoir eu le dessous dans un affrontement, mais au moins a-t-on pour soi l’expérience de s’être battu, et parfois la certitude que d’autres viendront un jour vous venger. La défaite absolue consiste en ce que Guy Brossollet appelait la “non-bataille”. Il n’y a pas même de défaite, et c’est cela la véritable défaite.}

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  • Biarritz : Contre sommet - G7 et mat ? Le 2 septembre 2019 à 12:46, par Camille Z

    un autre avis sur ce G7 et sur la « gauche » : L’après G7 : « Il n’y a plus à s’indigner des trahisons répétées de la gauche » - Retour critique sur le non-événement du contre-sommet de Biarritz. Par des lecteurs

    A Hendaye, le dispositif policier n’était même plus nécessaire : les petites mains aux sourires niais de la plateforme suffisaient très bien à faire régner l’ordre. Il fallait voir, au départ de la manifestation, les militants d’Alternatiba fouillait avec zèle chaque « cachette » potentielle pour y dénicher du matériel défensif et/ou offensif que quelques « incontrôlés » en rupture avec le consensus d’action auraient pu dissimuler… Il fallait les voir s’opposer de leurs corps à la potentielle destruction, par un ennemi quelconque, des vitrines des banques… Oubliez le virilisme classique du service d’ordre aux gros bras. Ici, une commission « médiation » de citoyens – entendez : de militants de la plateforme – était chargée d’assurer la « sérénité » de tous. Arborant un brassard vert, on pouvait voir quel « environnement », en définitive, ces fiers écolos’ se sentent la responsabilité morale de défendre : celui de la métropole marchande et policière, celui du tourisme de masse, celui du désert urbain, mais sûrement pas les mondes sauvages que ravage un peu plus chaque jours les feux de politiques économiques prédatrices. Leur vague psalmodie d’une rhétorique anticapitaliste verte aura du mal à cacher qu’ils sont, dès lors qu’une situation vient briser le consensus social, les premiers défenseurs de la société. Mais leur reprocher cela serait leur reprocher d’être ce qu’ils sont. Il n’y a pas à s’indigner des trahisons répétées de la gauche, il y a à s’organiser pour rendre sa mort inéluctable : nous ne pouvons pas laisser l’espace à la gauche gestionnaire de se recomposer sur le dos de nos luttes.

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  • Biarritz : Contre sommet - G7 et mat ? Le 30 août 2019 à 14:37, par Gertrude

    ...et vous avez finalement vu la marmotte emballer le chocolat ! effet délétère des effluves de beuh sur votre métabolisme délicat ? Question compréhension, ce que je comprends surtout c’est qu’en termes de contre-vérités, vous ne vous défendez pas trop mal.
    Ohé, les auteurs divers, vous pourriez me filer le marteau ? jusque quelques clous supplémentaires à enfoncer...

    « la caricature parle au bisounours. Je répète, la caricature parle au bisounours ».

    Figurez-vous que j’y étais moi aussi, dès le mardi soir. Au camp. Pas dans les logements cosy près le Ficoba d’Irun, non, mais à Urrugne, dans l’ancien centre de vacances désaffecté de la multinationale Nestlé (quelle ironie n’est-il pas ? celui accessible uniquement par la voie goudronnée -dûment gardée par des vigiles- menant au centre Pierre-et-Vacances), celui qui a été imposé aux gentils organisateurs par le préfet, préfet qui par ailleurs assurait le service (arrêts, itinéraires et horaires) des navettes supposées permettre aux gentils participants de suivre les belles conférences et gentils ateliers (proposés par des ONG des plus sérieuses et inscrits dans le programme officiel), celui équipé de douches glacées (histoire de rafraîchir les ardeurs ?), celui infesté d’indics, flics, RG et autres provocateurs infiltrés -in-situ comme alentour-, celui où seul un ’ausweiss’ et l’engagement formel à ne pas quitter le camp avant le lundi 26, permettait d’emprunter la route d’accès plutôt que de passer à travers champ pour accéder aux parkings, celui qui disposait de trois entrées distinctes et de ce fait particulièrement facile à encercler. Celui où il était prévu que toutes les organisations signataires de la plateforme soient présentes et où n’étaient présents que les vilains ’ultras’ : ces chiants de gilets jaunes, des black blocks, des anarchistes, des zadistes, auxquels s’étaient joints quelques téméraires d’Extinction Rébellion, d’Attac, de YFC, des ’en non-mixité’, quelques medics, une équipe de la sécurité civile, 4 cantines populaires, des membres de la legal team, le tout encadré par des représentants des 2 plateformes d’organisateurs. J’allais oublier les media (sûrement dû au fait que certains n’ont fait que passer) ainsi que, apparemment, quelques bisounours.

    Un camp stratégiquement situé à 10 km d’Irun, à 8 Km d’Hendaye, à 15 km de Bayonne, à plus de 20 km des fastes biarrots... et à 400 m seulement de la mer. (Faites un geste pour le gouvernement, noyez-vous !). Heureusement, il y avait les fameuses navettes gracieusement mises à disposition par la préfecture.
    Premier hic : contrairement à ce qui avait été annoncé, le départ des navettes ne se faisait pas à l’entrée du camp mais à 2,5 km de là ; deuxième hic : il n’y en avait qu’entre 8h30 et 10 heures le matin et quelques-unes le soir (aucun horaire précis affiché) et troisième gros hic : le seul arrêt prévu étant le Ficoba d’Irun, prière de rejoindre les autres lieux par vos propres moyens (pédestres - de trois à quatre kilomètres supplémentaires en moyenne). Certains ont tenté d’utiliser les VTT mis à disposition ou la ligne de bus régulière, au prix de 5 euros la course, dont l’arrêt se situait à près de 1,5 km du camp. Une, deux ! Une, deux ! et tant pis pour les personnes à mobilité réduite. Contre-sommet ou séjour de remise en forme ?

    Une nasse, un piège subtil dans lequel nous avons été attirés par la promesse d’une convergence des luttes, dont le seul but était de nous tenir à distance, et sous bonne garde, du théâtre des opérations (couché ! pas bouger !) Réduits par les organisateurs à faire de la figuration. Surveillés depuis le ciel par des ULM et hélicos, et depuis le sol par des éléments infiltrés et des caméras disséminées.

    Il aurait été plus honnête qu’ils nous informent dès le départ , les organisateurs, que cette mascarade de contre-sommet résultait d’un deal avec le pouvoir, du genre « si vous parvenez à faire en sorte que personne ne bouge une oreille, on verra ce qu’on peut faire pour vos camarades emprisonnés au diable vauvert, il se pourrait qu’on les transfère dans les geôles de la région, ce qui serait vachement plus pratique pour les visites ». Cela aurait évité pas mal de déconvenues. Et si l’État devait tenir ses promesses (qui n’engagent que ceux qui y croient) et respecter sa part du contrat, nous estimerions n’avoir pas complètement perdu notre temps. Mais autant aller brûler un cierge à Lourdes en serrant les fesses...

    ’Pour en revenir aux affrontements du camping’, je déduis de vos affirmations que vous n’étiez ni présent au moment de l’affrontement à l’entrée du camp, ni au fait de ce qu’il s’est réellement passé. Je parle bien sûr de la soirée du vendredi 23 (ignorez-vous donc qu’il y a eu d’autres affrontements la nuit suivante ?). Comme vous le suggériez, rendons à Jupiter ce qui lui appartient. Reprenons donc la chronologie des événements, mais un rien plus tôt, si vous le permettez. Lors de l’assemblée générale du vendredi matin, une manifestation -pacifiste, faut-il le rappeler -en même temps les suicidaires sont plutôt à rechercher du côté des FO- est proposée (à aucun moment, personne ne s’est vu imposer de participer à tel ou tel événement, le choix étant laissé à la discrétion de chacun) par les gilets jaunes. Vers 15 heures, un groupe d’environ 300 personnes a quitté le camp, à pied ou à vélo, pour participer à cette manifestation, escorté par des FO qui se sont chargés de régler la circulation et se sont interposés lorsque le cortège s’est approché de l’accès à l’autoroute. C’est lors du retour vers le camp que les choses ont dérapé lorsque deux motards des FO ont littéralement foncé dans le tas et se sont retrouvés par terre, ce qui a conduit leurs collègues à charger les manifestants, procédant à l’occasion a plusieurs interpellations, et à les poursuivre au-delà de l’entrée du domaine, jusqu’à mi-hauteur du parking n°1, usant de tirs de lacrymo et de LBD (trois manifestants blessés par tir de LBD : un à l’épaule, un à la poitrine et un à la jambe ; et au moins cinq autres blessés à coup de matraque), empêchant les manifestants de regagner le camp. Juste au moment où la taupe au sein de la Legal Team était démasquée. Et sous l’objectif des caméras de BFMTV arrivées à point nommé. Bizarre, vous avez dit bizarre...
    Les Black Blocks présents (une bonne trentaine, pas une poignée) ont commencé d’ériger des barricades à l’entrée du camp, se préparant à en défendre l’accès (si vous étiez un peu plus au fait de leur philosophie, vous éviteriez de dire n’importe quoi à leur sujet). Les FO ne se sont retirées qu’une petite heure plus tard, retardant le retour des manifestants qui s’étaient tenus à l’écart, ce qui a repoussé la tenue de l’AG prévue à 20h de plusieurs heures (elle a débuté sous le grand chapiteau à 00h30). Mais poursuivons dans la chronologie. Lors de cette AG tardive, après que la Legal Team a fait part d’informations importantes sur son infiltration par un flic (depuis 9 mois !), sur la découverte d’une caméra-espion dans le camp, sur les initiatives illégales du procureur (récusation des avocats désignés par les familles), sur la condamnation à la prison ferme en comparution immédiate de trois jeunes Allemands arrêtés avant même qu’ils rejoignent le contre G7, sur le nombre d’arrestations abusives et de gardés-à-vue, il a été proposé de manifester à Bayonne le lendemain après-midi, ainsi que devant le CRA d’Hendaye pour soutenir ceux des nôtres qui y étaient maintenus en garde-à-vue.

    Pour la manifestation officielle du samedi, les organisateurs avaient rencontré les commerçants d’Hendaye, leur demandant de rester ouverts ou, s’ils décidaient néanmoins de fermer, d’afficher sur leurs devantures un message de soutien au contre-G7. La négociation avec la préfecture prévoyait que les FO ne se montreraient pas, du moins à l’aller (quoique... avec pas moins de sept voitures-balais banalisées et trois motos en fin de cortège dès le centre d’Hendaye...) ; par contre, sur le chemin du retour, ont voit des véhicules de gendarmerie à chaque carrefour, procédant à des contrôles, des alignements de fourgons dans les rues adjacentes, jusqu’aux entrées du camp. A Bayonne, tout a été ratissé, les caches de matériel vidées (merci les infiltrés !), le dispositif policier démesuré verrouillé (les Bayonnais bâillonnés ?). Lors de l’AG du soir, les organisateurs ont beau se féliciter de la manif officielle et de la participation de 15 000 personnes, on apprend que les manifestants de Bayonne sont nassés (ceux qui sont parvenus à y échapper ne rentreront que tard dans la nuit), que l’action arc-en-ciel sur les 7 places autour du périmètre d’exclusion de Biarritz a été réduite à un ’mur humain/sit-in’ sur l’une de celles-ci. Il faut organiser le covoiturage et le lieu sera révélé le lendemain matin à l’AG de 9h. Les gilets jaunes proposent une marche à partir de Bidart. Une action est aussi prévue à Bayonne avec les portraits décrochés. Vers minuit, un petit groupe de 15-20 personnes, plutôt jeunes et vêtues de noir, le visage masqué, se dirige vers l’entrée du camp et veut en découdre avec les FO. Il ne s’agit aucunement de Black Blocks, juste des imitateurs (aucune stratégie, manque d’équipement et de coordination). Les premières provocations (tirs de pétards sur un car de CRS) sont d’abord ignorées, des médiateurs tentent de ramener le calme, les provocations suivantes sont suivies de deux tirs de sommation. Les organisateurs appellent le sous-préfet, les FO se déplacent et le calme revient vers 4h du matin ; le seul résultat a été d’alarmer inutilement et d’avoir empêché les gens de dormir (provocateurs à la solde des FO ?). On apprend lors de l’AG du matin que la conséquence collatérale de ce cirque a été l’arrestation d’un militant basque (interdit de séjour) lors d’un contrôle au retour d’une opération de repérage et son expulsion immédiate vers l’Espagne. L’action sit-in est par conséquent ’repoussée à plus tard’ (en fait, annulée) par les organisateurs qui invitent par ailleurs les participants à plier bagage (non pas ouvertement, mais en prétextant le risque que les événements de la nuit se reproduisent et que cette fois les FO interviennent dans le camp). Vers 15h, on apprend que les participants à la marche depuis Bidart ont été nassés dès avant le départ (au point même de rendez-vous) et interpellés. Et que le camp pliera bagage le lendemain (lundi 26) à midi. Circulez, y a plus rien à voir. Finie la jolie colonie de vacances.

    Deux autres incidents méritent d’être soulignés : la débauche de tags dégueulasses un peu partout dans l’enceinte du camp (sur les murs des bâtiments, sur les toiles des chapiteaux loués ; en général, on ne chie pas sur le tapis de son propre salon) ainsi que l’important déficit des cantines populaires (de l’inédit dans ce genre de manifestation. Dimanche en fin de journée, il s’élevait encore à 4000 euros).

    À croire que la moitié des campeurs étaient des infiltrés : non habitués à ce genre de fonctionnement -au mess des casernes, on ne verse pas son écot- et faute de ticket pour se faire rembourser...

    Qu’il s’agisse de convergence ou de contre-sommet, dès le tout début on nous a pris pour des cons !

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  • Biarritz : Contre sommet - G7 et mat ? Le 28 août 2019 à 11:24, par Guigui

    Bonjour, ayant été présent au contre-sommet je me doit de rétablir certaines vérités, notamment en ce qui concerne l’intervention policière au campement et le contexte dans lequel ce contre-sommet a eu lieu.
    Il faut tout d’abord rendre à césar ce qui est à césar et dire clairement que sans la plateforme, sans sa logistique et ses moyens aucun contre-sommet n’aurait eu lieu. Même si certaines actions ont manquées et qu’une plus grande radicalité aurait été appréciée, le contre-sommet a attiré des dizaines de milliers de personnes à travers notamment les conférences et ateliers divers (car oui il n’y a pas que les manifs et actions qui comptent...)

    Pour en revenir aux affrontement au camping ; il est nécessaire d’en parler de façons chronologique :
    Un petit groupe de personnes (minoritaires !) décide de démarrer une manifestation sauvage depuis le campement avec pour but d’aller au centre ville d’Urrugne et d’en découdre avec les FDO. Il sont repoussés au niveau de la départementale et sont obligés de se replier au camping. Là les FDO commencent à entrer sans y pénétrer complètement.
    Que c’est-il passé ensuite ? Quelques affrontement ont lieu, à ce moment la direction de la plateforme entre en contact avec le sous-préfet et exige que les FDO se retirent du camping ; pendant ce temps, d’autres personnes de la direction se rendent au camping sur le lieu des affrontements et font face aux FDO pour stopper toute répression au point de se mettre eux-même en danger.
    Suite aux exigences de la plateforme, le sous-préfet ordonne aux FDO de se retirer du camping. La police n’a donc pas été « repoussée » car si cela s’était joué à la force physique le FDO auraient complétement investis le campement arrêtant toute les personne présente y compris celles (majoritaires) n’ayant participé à aucune mobilisation non déclarée.

    En conclusion, un groupe minoritaire a profité du travail et des moyens fournis par d’autres pour tenter des actions ne se situant pas dans le consensus d’action au point de mettre en danger l’existence même du contre-sommet. Les organisateurs de ce contre-sommet se sont eux-même mis en danger afin d’empêcher toute répression violente, protégeant du même coup ceux là même qui ont failli mettre le camping et le contre-sommet en péril.

    Cette année le G7 au Pays Basque n’était pas le lieu pour réaliser des actions violente et ce pour plusieurs raison :
    - Un dispositif policier complétement inédit avec plus de 13 200 FDO + la Policia Nacional et la Guardia Civil espagnoles et + de 4000 agents de la Ertzaintza, la police autonome basque. Il est également à noter que sur les 80 divisions de CRS existantes en France, plus de 50 étaient au Pays Basque...

    - Parmi les personne rodées aux actions violentes genre black block, une extrême minorités sont venues, les plus expérimentées ayant bien compris que rien n’aurait pu être possible devant le dispositif policier mis en place dans l’autre camp. Et je pense pouvoir affirmer sans trop me tromper que nous avons plutôt eu à faire à des caricatures d’anars et d’autonomes lors de ce contre-sommet.

    - Enfin, il faut que les gens se rendent compte que nous étions au Pays Basque, un pays à part qui ne doit pas être vu en tant que territoire comme un autre de l’État français.
    Le Pays Basque a connu plus de 60 ans de lutte armée. Elle s’est arrêtée en 2011 avec l’arrêt unilatérale et définitive de la violence armée par l’ETA et le changement de stratégie amorcé par la gauche abertzale 2 ans plus tôt passant d’une stratégie politico-militaire a une stratégie politique et non-violente. La décision a donc été prise de laisser le monopole de la violence aux états français et espagnoles. Et c’est donc dans ce contexte que certains ont voulus importer des méthodes d’actions et un agenda politique SANS prendre en compte, sans même s’intéresser au contexte local. Et c’est aussi dans ce contexte que la mobilisation de samedi rassemblant + de 15000 personnes entre Hendaye et Irun a exigé une sécurisation du trajet.

    Merci de votre compréhension.

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